Les délices d’Alice (1 - Consommé)

Publié le par ap

Exposition ( La salle d'attente - IUFM Reims), 2006

Exposition ( La salle d'attente - IUFM Reims), 2006

En faisant le ménage dans d’anciens dossiers d’images, j’ai retrouvé cette photographie, prise lors du vernissage d’une exposition qui s’était tenue à Reims en 2006.

Au mur se trouve une petite photographie de Delphine Balley, qui avait suscité, lors de la proposition d’accrochage, quelques polémiques bien inutiles. J’avais d’ailleurs, en guise de réponse, constitué une petite documentation sur le sujet, non que cette image me semblait exceptionnelle, mais bien davantage parce que je trouvais ridicule la réaction pudibonde des responsables du lieu qui accueillait l’exposition.
Delphine Balley  « L’album de famille, la chambre d'enfant » 2005

Delphine Balley « L’album de famille, la chambre d'enfant » 2005

Il se trouve que ces jours-ci, je tombe par hasard sur cette série de publicité pour une marque de vêtements datant elle aussi de 2005. Si la première, un enfant déguisé en fantôme avec la jupe de sa mère peut prêter à sourire, la seconde une jeune fille mimant la femme enceinte avec l’aide de son frère est beaucoup plus provocante, surtout associée au slogan suivant : « A quoi ça sert d’imaginer des vêtements si on ne peut rien faire dedans ? » 

Les délices d’Alice (1 - Consommé)Les délices d’Alice (1 - Consommé)

Celles-ci font écho à un autre slogan de la même marque « Les enfants en Petit Bateau ne sont plus tous des enfants » qui précise bien l’intention des promoteurs, indiquant que la frontière (le passage) entre le monde de l’enfance et celui de l’âge adulte n’est pas aussi étanche qu’il n'y parait.

Les délices d’Alice (1 - Consommé)
En 2007, la marque récidive faisant une synthèse saisissante des deux idées. La campagne «Les Doudous», légendée « Pour adultes aussi.», renversant ainsi les attendus moraux, remporte le Grand Prix 2005 de l’affichage publicitaire en France.
Entre les deux (2006 ?) cette autre réclame met en scène trois enfant installés… dans une assiette de soupe à la tomate. Arrêtons nous un moment pour en observer le dispositif.
Les délices d’Alice (1 - Consommé)

 

D’abord, la couleur rouge dominante qui donne le ton d’un univers moins sage que celui jusque là décliné par la marque : nappe à carreau (un brin rétro) évoquant les années 50, velouté à la tomate… Ensuite l’échelle des figures par rapport à celle de la vaisselle qui métamorphose ainsi l’assiette en bassin.

Examinons quelques détails : une petite fille blonde (avec des nattes) vêtue d’un T-shirt blanc et d’une jupe rouge à pois blancs, les pieds plongés dans la soupe, un garçon en blanc assis comme un pacha dans un pouf en plastique transparent et gonflable, une autre fillette en robe bleue qui semble glisser sur le manche d’une cuillère comme sur un toboggan..

 

Les délices d’Alice (1 - Consommé)
Claes Oldenburg,  "Pont cuillère", 1986

Claes Oldenburg, "Pont cuillère", 1986

Il semblerait bien que ces enfants fassent allusion à certains détails des illustrations tirées de la généreuse iconographie de Alice au pays des merveilles

Pour ma part, j’ai retenu quelques images de Anthony Browne empruntées à la version 1989, publiée par Kaleidoscope.

Anthony Browne, 1989
Anthony Browne, 1989
Anthony Browne, 1989

Anthony Browne, 1989

On y retrouve les effets de la boisson qui fait rétrécir ou grandir, les champignons vénéneux du thé chez les fous (amanites phalloïdes sur le coin de la table en bas à droite), ou magique recommandé par la chenille bleue…

 

Les délices d’Alice (1 - Consommé)

la chute vertigineuse (et délicieuse) d’Alice dans le puits…
 

 

Anthony Browne, 1989

Anthony Browne, 1989

ou encore, dans l’épisode de « Le quadrille des homards », le griffon qui demande à la tortue de chanter pour Alice la chanson de la soupe à la tortue :

« Belle soupe, onctueuse, et odorante, et verte,

Qui repose, brûlante, en la soupière ouverte,

Que ne donnerait-on pour avoir l’avantage 

De  te savourer, cher, délicieux potage !

Belle soupe, soupe, soupe, soupe du soir ! »

Anthony Browne, 1989

Anthony Browne, 1989

Réclame 1958

Réclame 1958

 

[...]

 

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Publié dans Réplique(s)

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H
Les véritables délices d'Alice... au pays des merveilles, c'est de dévorer des yeux des danettes MESSAGER.
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A
H.M. : va pour Annette... Mais est-elle aussi sage qu'elle en a l'air ?