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Publié le par ap

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Mathias a poussé son petit camion en bois jusqu’à la fenêtre. L’ombre du guidon tombe sur la pliure du livre resté ouvert, une fois de plus, sur le plancher. Je m’étonne du hasard de cette rencontre qui d’un coup me fait voir ce qui jusque là résistait au sens de ce rapprochement.

 

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Sur cette double page un tandem comique – la formule convient ici à merveille pour ces deux compères !- et un avion, planté nez dans le sable.

L’avion est un jouet, une réplique d’un bombardier, fiché au sol telle une croix. Les personnages de Laurel et Hardy ne sont en réalité que des masques portés par deux hommes dont l’un est assis à l’avant du tandem et l’autre accroupi à l’arrière.

De la croix aux masques c’est le simulacre qui travaille. Masques de carnaval, parade de parodie, jouet disposé dans un paysage évoquant un accident, une catastrophe. De part et d’autre de l’ombre oblique, deux mises en scène opposent donc le comique au drame, le rire aux larmes. L’espace du jeu mimant, reproduisant, d’autres espaces fictifs, d’autres réalités...

Et puis le dialogue des signes qui, d’un coup, révèle, par le truchement de la croix (simulée par la queue de l’avion) ces deux larrons au pied d’une autre croix composée par les montants des portes des garages.

Télescopage : je pense soudain aux oeuvres de Maurizio Cattelan, cet artiste italien considéré comme agitateur professionnel  - certains parlent même de lui comme le Buster Keaton de l'art contemporain -.

 

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Maurizio cattelan - "La nona hora" - 2000

 

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Maurizio cattelan - "Art Safari" - 2001

 

Publié dans notes sur clichés

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