figure 2 (la fillette au volant)
Elle se tient debout, sur une chaise, disposée légèrement de profil. Le buste est moulé dans un corset serré à la taille - sorte de cône dont la pointe semble fichée dans le drap dans la jupe qui bouffe -, le visage, en partie noyé dans un jeu d’ombres, se découpe néanmoins, comme le reste de la silhouette sur le fond bistre d’un mur. A la main droite elle tient une raquette, tandis qu’à la gauche, elle présente un volant, avec lequel pourtant elle ne semble pas prête à jouer. Comme le voulait la tradition des portraits, les attributs (ou accessoires) serviraient donc, ici, davantage à qualifier la figure qu’à représenter une action.
Chez Chardin, les personnages représentés ne sont pas toujours dans cette attitude décalée. L’enfant au toton, par exemple, bien qu’assis droit à son secrétaire, regardant danser sa toupie non loin du bord, n’est-il pas sur le point de la rattraper ? Ce garçon (ou cet autre encore) dressant les cartes d’un fragile château, n’est-il pas, lui non plus, dans cette même situation où l’équilibre instable des objets avec lesquels il joue, suppose que l’immobilité n’est que passagère.
Etrange présence que celle de cette fillette, juchée sur un siège, cramponnée à la boule du montant du dossier et tenant ce drôle de bouquet de plumes, dont la forme semble être l’écho inversé de celui de son propre corps.
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