L’esprit d’escalier (5)
5 – L’indécent et l’autre montre (Duchamp - Bellmer – Klossowski - Godard…)
Duchamp Marcel, Vitrine 1960
Dans un article paru en 2005, Fabrice Flahutez s’interroge sur l’anatomie du désir que suscitent les poupées de Hans Bellmer et notamment celles montrées dans un escalier. Il y insiste d’une part sur la confrontation entre les jeux des ombres découpée de cet élément d’architecture et le corps inerte de l’objet, puis sur la métamorphose induite par la prise de vue : « L’inanimé de la Poupée se trouve transformé par l’action photographique en une proposition ambiguë. Elle semble s’être incarné et défie les lois immuables de la séparation de la vie et de la mort. La représentation acquiert une fonction magique où le monde invisible, longtemps refoulé de la petite enfance s’invite à nouveau et tente de prouver sa parfaite actualité. ».
Il y fait aussi allusion au clin d’œil implicite de Bellmer à Duchamp, « qui constitue une métaphore de la psyché avec inconscient et conscience à des étages différents. La Poupée appartient à l’inanimé par son essence, mais appartient aussi à l’animé par la manière dont Hans Bellmer la met en scène et la contextualise. »
Enfin il analyse la fonction symbolique de l’escalier, à la fois comme lieu de passage (« On emprunte un escalier comme on emprunte un couloir on ne saurait y rester. […] L’escalier mène quelque part au-dehors de l’image et prend son origine au-delà de celle-ci. » […] L’escalier est aussi l’endroit de la maison où l’on ne reste pas. »), mais aussi comme un lieu résumé, seulement donné en partie et donc laissant supposer les autres lieux en creux.
Pierre Klossowski « Roberte et les collégiens, vision du professeur Octave », 1974
Pierre Klossowski « L’enlèvement de Roberte», 1993
J.L. Godard - Alphaville